Emergeant des sillons de l’agriculture naissante au néolithique, pain, bouillie et bière composaient les repas de nos aïeux.
On en consommait au Moyen-Orient, Egypte, Mésopotamie, et longtemps après, les Gaulois l’adoraient.
Mais en France[1], à partir de la conquête Romaine, voilà la cervoise[2] concurrencée par le vin, et plus encore durant la christianisation du territoire[3].
Où ça ?
Au temps de Charlemagne, on trouvait des brasseries dans tous les couvents, et dans toutes les métairies impériales, et les paysans pouvaient la fabriquer dans leur village[7].
En 1248, la concurrence du vin se faisant de plus en plus redoutable , Saint Louis intervint afin de protéger la corporation des cervoisiers, il leur fit donner des statuts, les premiers de la profession.
Du XIVe au XVIe’[8], sa consommation se commercialisa et décupla en même temps que l’industrie, les villes et les tavernes !’, et sa popularité explosa en Europe du Nord.[9][10] .
En Alsace, forcément, on la chopinait[11]depuis des siècles, à la maison, dans les Abbayes , et les brasseurs firent leur apparition au XIIIe à Strasbourg[12].
C’est à partir de la Guerre de Trente ans[14][15] que l’habitude s’ancra.
En premier parce que les vignobles[16] furent dévastés, et ensuite parce que les mercenaires présents, provenant principalement du Nord, transmirent leur goût aux autochtones.
Le 19è et ses inventions techniques modernisèrent la fabrication[17], et les brasseries artisanales fleurirent.
Citons le maire de Molsheim le 15 octobre 1829[18] :
Dès 1859 les gros brasseurs de Strasbourg s’unirent[19], pour former le Syndicat des Brasseurs d’Alsace.
Face aux frais de fabrication de plus en plus importants, les brasseurs décidèrent de s’unir, et de sortir du centre- ville[20].
Mais de 270 brasseries en 1872[21]., on tombe à 6 en 2018[22]
Le mode de distribution s’est révolutionné, la concurrence des marques étrangères a explosé, et notre tolérance face à la consommation d’alcool a chuté[23].
De plus, les concentrations ont réduit à peau de chagrin le nombre de brasseries. En 1972, Heineken effectue une OPA sur la holding Ancre constitué d’une partie de l’Albra, Mutzig, Perle et Colmar[24] . Les restructurations sonnèrent les fermetures de la brasserie de la Perle, 1972, Colmar en 1975, et Mutzig en 1989. Les locaux de l’Espérance à Schiltigheim brassent désormais la Heineken[25] qui achète Fisher en 1996, la plus grande brasserie familiale et indépendante française, c’est- à- dire Adelshoffen, Gruber, Saint-Louis.
Quant à Kronenbourg, sa production s’est multipliée par 20 entre les années 1950 et 1970. En 1969 son usine d’Obernai fut longtemps la plus moderne d’Europe[26]. Toutefois, la marque est reprise par BSN, Danone, en 1970, et elle absorbera la Société européenne de brasserie en 1984. Elle sera cédée à Scottish and Newcastle en 2000, avant de tomber dans le giron de Carlsberg en 2008.
Seules résistent deux brasseries indépendantes Météor, et Schutzenberger.
Bref, pour reprendre les mots de F. Ents :
Mais plus d’une quinzaine de microbrasseries sont présentes dans la région, assurant la production locale… ouf ! non le chopinage n’est pas mort !
Katia
Sources :
1 : Référence aux frontières de la France actuelle, qui n’existait pas à l’époque Médiévale
2 : A la Révolution elle perd son nom de cervoise, cf : R.Lecoq, l’Histoire du Malt, DANS BULLETIN DE LA SOCIETE SCIENTIFIQUE D’HYGIENE alimentaire et d’alimentation rationnelle de l’homme, 1926
3 : DE LA BIÈRE ET DES HOMMES , Culture matérielle et aspects socioculturels de la brasserie au Canada (17e-18esiècles) Catherine Ferland,ENS Paris-Saclay | « Terrains & travaux »2005/2 n° 9 | pages 32 à 50
4 : « La cervoise épaissit la lymphe, donne des forces, rend charnu, sanguin, provoque l’urine, calme le mal de ventre, l’arrondit et le rafraîchit légèrement » Jean de Milan, 1100., cf : R.Lecoq, l’Histoire du Malt, DANS BULLETIN DE LA SOCIETE SCIENTIFIQUE D’HYGIENE alimentaire et d’alimentation rationnelle de l’homme, 1926
5 : https://pozkafe.fr/article/ai-je-du-glyphosate-dans-mes-urines/
6 : A Metz, par exemple, la règle établit par l’Evêque Chrodegang vers 755, prescrit, entre autre, la quantité de boisson attribuée quotidiennement aux chanoines .: « Et si c’est une région viticole, qu’ils reçoivent chaque jour cinq livres de vin, …. Si vraiment elle n’est pas pleinement viticole, trois livres de vin et trois de bière, et qu’ils se gardent de l’ébriété. »
7 : Alban Gautier, « Alcuin, la bière et le vin », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest [En ligne],
111-3 | 2004, mis en ligne le 20 septembre 2006, consulté le 02 octobre 2016. URL : http://
abpo.revues.org/1269 ; DOI : 10.4000/abpo.1269
8 : Philippe Meyzie, « Richard W. Unger, Beer in the Middle Ages and the Renaissance,
Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2004,319 p., $ 45. », Revue
d’histoire moderne et contemporaine 2008/4 (n° 55-4), p. 204-204.
9 : Idem
10 : On commença à utiliser le houblon, et les Munichois inventèrent la fermentation basse, cf : François Entz, « La bière en Alsace », Revue d’Alsace [En ligne], 137 | 2011, mis en ligne le 01 septembre
2014, consulté le 28 mars 2017. URL : http://alsace.revues.org/1212
11 : On en trouve des traces dès l’époque Gallo-Romaine.
12 : Bibliothèque de l’école des Hautes Etudes, publié sous les auspices du Ministère de l’instruction publique. 116e fascicule. L’Alsace au dix-sept ème siècle, par Rodolphe Reuss
13 : Philippe Meyzie, « Richard W. Unger, Beer in the Middle Ages and the Renaissance,
14 : Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2004,319 p., $ 45. », Revue
d’histoire moderne et contemporaine 2008/4 (n° 55-4), p. 204-204.
15 : 1618-1648
16 :Bibliothèque de l’école des Hautes Etudes, publié sous les auspices du Ministère de l’instruction publique. 116e fascicule. L’Alsace au dix-sept ème siècle, par Rodolphe Reuss
17 : Source de richesse du pays, cf : Id.
18 : François Entz, « La bière en Alsace », Revue d’Alsace [En ligne], 137 | 2011, mis en ligne le 01 septembre
2014, consulté le 28 mars 2017. URL : http://alsace.revues.org/1212
19 : Claude Muller, « Voluer (Philippe), Le grand livre de la bière en Alsace », Revue d’Alsace [En ligne], 135 | 2009, mis en ligne le 01 janvier 2012, consulté le 13 mars 2018. URL : http://journals.openedition.org/alsace/524
20 : Id
21 : cf : François Entz, « La bière en Alsace », Revue d’Alsace [En ligne], 137 | 2011, mis en ligne le 01 septembre
2014, consulté le 28 mars 2017. URL : http://alsace.revues.org/1212
22 : cf : François Entz, « La bière en Alsace », Revue d’Alsace [En ligne], 137 | 2011, mis en ligne le 01 septembre
2014, consulté le 28 mars 2017. URL : http://alsace.revues.org/1212
23 : https://www.jds.fr/gastronomie/guide-du-cuisinier/a-la-decouverte-de-la-biere-d-alsace-754_A
24 : En 1873 la loi Roussel réprime l’ivresse publique pour répondre aux revendications des hygiénistes, et à partir des années 1960 on cesse d’inciter les enfants à boire[1]. Certains disent[1] que le mode de vie sédentaire des urbains ne nécessite plus le recours à l’alcool, en raison de ses vertus à la fois psychotropes et caloriques.
25 : François Entz, « La bière en Alsace », Revue d’Alsace [En ligne], 137 | 2011, mis en ligne le 01 septembre 2014, consulté le 28 mars 2017. URL : http://alsace.revues.org/1212
26 : Nicolas Stoskopf, Pierre Vonau. L’Alsace du second XXe siècle : la grande mutation industrielle.
Revue d’Alsace, Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace, 2004, pp.159-192. <hal-
01164228
26 : Nicolas Stoskopf, Pierre Vonau. L’Alsace du second XXe siècle : la grande mutation industrielle.Revue d’Alsace, Fédération des sociétés d’histoire et d’archéologie d’Alsace, 2004, pp.159-192. <hal-01164228
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