Le mot baccalauréat apparaît au XIVe pour qualifier le premier grade universitaire. Auparavant nommé déterminance, cette maîtrise ès arts reposait sur une interrogation orale.
Quant au terme de bachelier, avant de désigner « celui qui accède au premier grade universitaire », il signifiait apprenti, à la guerre comme dans la vie civile, puis par extension, célibataire ; le baccalarios, que les Anglais ont conservé avec leur bachelor.
Mais le baccalauréat tel que nous le connaissons, prend ses origines dans le décret du 17 mars 1808 rétablissant à la fois les Universités de l’Ancien Régime, et la « maîtrise ès arts ». Trois grades furent définis : baccalauréat, licence et doctorat. La fonction du bac était double : il sanctionnait les études secondaires, et permettait d’entrer à l’université.
Dès le départ, la question du bac engendra moult polémiques. Retranscrites dans la vie politique, pas moins de 70 ordonnances, textes législatifs ou décrets ministériels le retoquent entre 1820 et 1850 (cf Piobetta). Excellent début !
Certains critiquaient son contenu. Au 19e, le latin et le grec occupaient une place prépondérante dans l’enseignement, mais des voix dénonçaient l’inutilité de telles matières, allant jusqu’à reprocher à cette instruction antique d’être la marque d’un « signe d’appartenance à l’élite ».
Les méthodes d’enseignement, étaient également décriées, axées principalement sur le rabâchage, fabrique de perroquets ou de singes savants, elles omettaient de cultiver l’esprit critique.
De manière récurrente, on récriminait un examen reposant sur le hasard. L’historien Lavisse se lamentait du « culte immoral de la chance », Gréard, vice- recteur de l’académie de Paris, proposait de le remplacer par « une succession d’examens intérieurs couronnés par un examen final plus solennel », afin, ajouta-t-il que l’élève soit « averti que son succès ne dépendra que de sa constance et non d’une préparation de dernière minute. »
Mais peu de candidats obtenaient leur diplôme, le taux de réussite s’élevait, en 1842, à 56%.
L’opinion publique le jugeait trop difficile, et s’émouvait du sort des recalés. Certains clamaient que cette difficulté reflétait la volonté d’empêcher les progressions sociales, on parlait de « brevet de bourgeoisie », d’autant que le coût de l’examen se montait à plus de 80 francs, alors que le salaire moyen d’un ouvrier avoisinait les 2 francs par jour.
Les réformes se succédèrent, le latin perdit de sa force, la composition française et les explications de texte furent introduites dans l’enseignement…. Mais les critiques ne cessaient de s’élever, et pourtant le baccalauréat était devenu un capital à acquérir pour gravir les échelons. Devenu en moins d’un siècle l’indispensable examen de la fin des études secondaires, sa valeur sociale était telle, qu’on ne pouvait envisager de le bannir.
Dans les années 1930 s’effectue un décloisonnement social grâce à la gratuité de l’enseignement, à une génération après -guerre plus nombreuse, ou au prolongement de la scolarité obligatoire jusqu’à quatorze ans.
Mais bien évidemment les critiques persistèrent. En 1950, par exemple, Michel Debré propose une résolution visant sa suppression, s’érigeant notamment, contre « le coup du hasard ». Ce à quoi, la Commission de l’éducation Nationale lui objecte que la chance intervient dans chaque examen, et qu’en cas d’élimination, « ce ne seraient plus les jeunes gens qui seraient soumis à un examen, mais les établissements eux-mêmes, devenues boîtes à bachots »
En 2008, le Sénat, dans un rapport, déclare : « : Ainsi le baccalauréat est-il par tradition le premier grade de l'enseignement supérieur, cette caractéristique expliquant qu'il n'y ait pas de sélection à l'entrée des filières universitaires »
Aujourd’hui ce principe est remis en cause. Aussi, l’obtention du bac ne constitue plus un sésame pour gravir l’échelle sociale, mais, ayant intégré la norme dans une société qui chérit les diplômes, il est encore « préférable » de l’obtenir.
Quant aux controverses autour du bac, elles perdurent, et une énième « refonte » est prévue pour 2021.
Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN, déclare en 2017 « Aujourd’hui c’est clair, le bac ne sert à rien », précisant que dans le système d’admissions post-bac, « le bac n’est jamais pris en compte », et que finalement il n’est important que pour les gens qui ne l’ont pas.
Conclusion : passe ou repasse ton bac, s’il ne t’ouvre plus de porte, son absence ne t’en fermera pas !
Courage !
Katia
SOURCES :
-« Histoire du baccalauréat », discours prononcé le 6 mai 2008 à l’occasion du Bicentenaire des académies et des recteurs par Hubert Oudin, Doyen des IA IPR.
-« La culture des députés français (1910 /1958) : essai de typologie, de François Greèzez-Rueff et Jean Estèbe
-Philippe Marchand (dir.), Le Baccalauréat, 1808-2008. Certification française ou pratique européenne ? Actes du colloque « Le Baccalauréat et la certification des études secondaires : exception française ou pratique européenne », Lille, 14, 15 et 16 mai 2008, hors-série, Revue du Nord, 24, 2010, 446 p
-« Le baccalauréat et l’enseignement secondaire ». Mémoire présenté au conseil académique de Paris, le 7 juillet 1885, par M. Gréard
Guy Lapostolle. La démocratisation de l’enseignement secondaire sous les deux septennats de François Mitterrand. Histoire. Université de Bourgogne, 2004. Français.
-Rapport d’information n°370 (2007/2008) de J. Legendre, A quoi sert le baccalauréat ? fait au nom de la commission des affaires culturelles, déposé au Sénat le 3 juin 2008. https://www.senat.fr/rap/r07-370/r07-370_mono.html
-J.O. Débats parlementaires, session de 1950, 70e séance.
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