Rentrée dans la cour des (presque) grands
Être surveillante dans une école primaire
Rentrée dans la cour des (presque) grands

Être surveillante dans une école primaire

Comment j'ai redécouvert le monde à travers les yeux des enfants...
07 Mar. 2018

Pour la plupart des gens, le surveillant ne sert qu'à être là, semblable à la plante verte qui se meurt dans un hall d'entrée. Pourtant, c’est bien lui qui ouvre les goûters, nettoie les petits bobos, veille à ce que les punitions soient bien faites, et à ce que chacun retrouve papa ou maman lorsque la sonnerie retentit à 16 heures.

Mais être surveillant dans une école primaire, c’est surtout être le témoin privilégié de mille petits riens qui, mis bout à bout, retracent les contours de l’enfance, ce monde où l’émotif l’emporte sur tout, parfois avec violence, souvent avec drôlerie.

 

J’ai débuté en août dernier, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on ne s’improvise pas surveillante. J'ai dû apprendre à crier, face à cette horde de petits yeux qui vous observent aller et venir dans la cour de récré — leur territoire.

Je me souviens alors avoir été très surprise : je ne m’attendais pas à jouer le rôle du « mauvais flic ». Être obligée de crier tout le temps, à propos de tout, pour se faire respecter…c’est fatiguant. Il faut avoir les nerfs (et les oreilles !) bien accrochés.

 

Mais au bout de quelques semaines, et lorsque l’on a finalement dépassé cette phase d’autoritarisme obligatoire, on peut se voir attribuer le Saint Graal : la confiance des enfants, signe que vous faites enfin « partie de la bande » et qu’ils vous ont adopté, d’une certaine manière. Vous connaissez alors tous leurs petits secrets : 

  • Qui est amoureux de qui,
  • Le légume qu’ils détestent le plus,
  • Leur matière préférée,
  • Et même l’endroit où ils ont enterré leur super trésor (deux ou trois petits cailloux en général).
Finalement, avec mes collègues on est tous d’accord pour dire qu’ils sont "attachiants", ces petits monstres

L’enfance se vit à cœur ouvert, en toute naïveté, et c’est peut-être ça que j’aime le plus dans mon travail. C’est vrai que ce n’est pas facile tous les jours, il faut savoir gérer les petites bagarres, les crises de larmes, les accès de colère. Etre capable d’adapter son vocabulaire lorsqu’on s’adresse à une petite fille de 8 ans qui vient de perdre son hamster et qui ne comprend pas pourquoi, ou lorsqu’on essaie de transmettre des notions comme le respect, la solidarité, ou le partage.

 

Mais au-delà de tout ça, ce sont souvent eux, les enfants, qui nous apportent plus qu’on ne leur apporte nous, les surveillants. Ils vous apprennent à voir les choses sous un autre angle, et vous aident à décrocher. Quand je rentre chez moi le soir, après une longue journée, même si mes oreilles sifflent, et que ma voix m’abandonne, il suffit que je plonge mes mains dans mes poches pour tomber sur deux ou trois crayons de couleur, quelques pions, et de jolis dessins pour me rappeler qu’être surveillante, c’est quand même un chouette boulot !

 

Inès

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1 commentaire

Par Emelyne il y a 6 ans
Très bel article, bravo et merci à tous(tes) les surveillant(e)s de nos écoles !
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