Près de la moitié des recruteurs français estiment que les postulants embellissent leur CV. Fréquemment ces derniers exagèrent leurs responsabilités antérieures, remplissent « les trous » entre deux contrats, gonflent leurs compétences, etc. Mais, ce qui déplaît principalement aux RH, ce sont ceux qui mentent sur leurs diplômes !
Vous ne le saviez certainement pas, mais, partout sur la planète les faux diplômes constituent un vaste business. Enfin, partout où le diplôme est nécessaire pour décrocher un (meilleur) job : Usa, Chine, Israël, Vietnam, Mauritanie, RDC, Tanzanie, UK, Allemagne, Italie, Espagne, France …
Grâce à l’Internet, tout un chacun peut devenir ingénieur, sociologue, médecin, prof…
D’ailleurs, si vous le souhaitez, vous pouvez vous en procurer sur fauxdiplomes.org !
Des journalistes de la Rtbf l’ont testé en s’offrant deux diplômes français « bluffant ». Qu’en ont-ils fait? Avec le système d’équivalences de la fédération Wallonie-Bruxelles, Ils les ont transformés en « vrai » !
Comme l’analysent Grolleau et Lakhal, un diplôme n’exprime pas uniquement un niveau d’étude. Non, par-dessus tout, il fournit à ses détenteurs un rang social, tout en engendrant, par ricochet, de véritables courses au diplôme.
Ce système de supériorité du diplômé sur le non diplômé produit des envieux, donc forcément, disons que « tout le monde » en veut. Puis, coulant de source, à la demande répond l’offre, et les falsificateurs entrent en scène. Leurs entreprises restent discrètes, évidemment, mais sans peine nous imaginons le potentiel pactole qui les motive.
Aujourd’hui on parle d’usines, ou de moulins à diplômes
Vous pensez que seuls les p’tits losers, frustrés sous-diplômés, recourent à cette stratégie : erreur ! Elle fait fureur dans le haut fonctionnariat ou le milieu politique ! Exemples :
En France, le Who’s Who prêtait à Geneviève Fioraso deux maîtrises, l’une vrai, l’autre fausse. Accusant l’annuaire d’avoir mélangé ses pinceaux, elle n’en a pas moins démissionné. Faut dire qu’en tant que secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur, c’était moyen !
Citons également Jacques Labeyrie, directeur de l’Ecole Centrale de Lyon, pour obtenir son poste il a prétendu être normalien, et agrégé de maths : pipeau !
Bruno Le Roux, ministre de l’Intérieur fin 2016, se targuait sur ces CV d’avoir étudié à l’ESSEC et HEC. Vérification faite par des journalistes : affabulation. Mais là, il s’agissait d’une erreur, dixit son entourage. En 2007, Le Canard Enchaîné avait épinglé Rachida Dati pour des raisons similaires. Ambigüité, et non mensonge, expliquèrent ses proches.
Mdr[i], euh, pardon, sans commentaire ! Enfin, si : s’agirait-il d’une étourderie qui pourrait tous nous « échapper » ?
Poursuivons ! La « maladie » des faux diplômes, s’étend maintenant, plus largement, à d’autres corps de métier.
Début 2018, un scandale éclate : plusieurs milliers de Britanniques ont acquis des faux diplômes auprès d’une boîte basée au Pakistan. Cela concernait principalement des membres du corps médical public. Oups !
Et tenez-vous bien, si certains achètent leur diplôme en connaissance de cause, d’autres se font gruger. Comment ? Démonstration : les arnaqueurs proposent à des personnes de transformer leur expérience professionnelle en diplôme, sur le modèle VAE. Ainsi, ils font miroiter à leurs « pigeons » la délivrance, en toute légalité, des lettres de noblesses modernes qui leur font défaut.
Le phénomène prend une telle ampleur, que forcément, il engendre des …
Le business des contrôleurs de CV, des RH spécialisés, s’ébauche. Parallèlement, les universités et les écoles diplômantes sécurisent leurs diplômes.
Par exemple, depuis 2015, l’INSA Toulouse fait authentifier ses diplômes par une société privée.
Presque toutes les cultures condamnent le mensonge, et pourtant il n’existe aucun pays « de la vérité » où personne ne mentirait. Dans une société, comme la nôtre, qui requiert toujours plus de diplômes ou de parfaites et multiples expériences (même à nos débuts), il est extrêmement tentant d’en ajouter un peu, voire beaucoup selon les personnalités, c’est vilain, mais c’est humain !
Katia
Sources :
Gilles Grolleau, Tarik Lakhal« Éléments d'analyse économique des faux diplômes », Revue internationale de droit économique 2007/2 (t. XXI, 2), p. 115-128. DOI 10.3917/ride.212.0115
Jérôme Thomas, « « Mentir », Terrain, n°57, septembre 2011 », Lectures, Les comptes rendus, 2011. URL : http://journals.openedition.org/lectures/6452
https://www.rtbf.be/info/societe/detail_le-scan-enquete-sur-le-trafic-de-faux-diplomes-difficilement-detectables?id=9712092
https://blogs.mediapart.fr/seraya-maouche/blog/170118/fraude-academique-un-scandale-de-faux-diplomes-au-royaume-uni
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2015/02/21/97001-20150221FILWWW00044-le-diplome-imaginaire-de-genevieve-fioraso.php
http://cache.media.education.gouv.fr/file/11_-_novembre/20/0/DP_-_20161117_-_Salon_Educatec-Educatice_664200.pdf?ts=1479377336 ( dossier de presse concernant l’ouverture de diplome.gouv.fr)
http://www.insa-toulouse.fr/fr/actualites/l-insa-toulouse-confie-a-nanolike-l-authentification-de-ses-diplomes.html
1 commentaire