Mettez- vous dans la peau d’un patron. Sur vos épaules pèsent moult responsabilités. Financières surtout, mais sociales aussi. Et si un pépin surgit, ou un grain de sable, votre équilibre est menacé. Vous gérez un certain nombre de salariés. Mais vous vous en méfiez un peu, et vous doutez de certains. Sont-ils des glandeurs, des nuisibles, bossent-ils pour la concurrence ? Pour eux- mêmes ? Volent-ils dans les caisses ?
Aujourd’hui, l’ère numérique semble avoir réglé ces petits soucis de « confiance ». Et ses possibilités s’étendent au-delà des rêves les plus fous. Car il est désormais possible de connaître les petites habitudes de chaque salarié.
Certains programmes, invisibles pour les néophytes, permettent de localiser les gens, ou d’avoir accès à leur correspondance électronique.
L’utilisation de proxys (via notamment les mind maps) détecte certains mots-clefs dans les sujets des mails, ainsi que les sites visionnés.
Des DPI (deep packet inspection) « affinent » les données déversées par les proxys. Sans se borner aux entêtes, ils checkent la totalité des messages.
D’autres spywares permettent d’analyser le contenu des disques durs, de reconstituer un texte à partir de la frappe sur le clavier, d’effectuer des copies d’écran, de déclencher à distance micro ou caméra, d’enregistrer les conversations.
Précisons que les règles sont identiques dans les secteurs public et privé, dans les grandes entreprises, les PME, ou les emplois à domicile.
En le déclarant auprès de la CNIL, du comité d’entreprise, et de ses employés, tout en respectant le Code du travail et de la loi informatique et libertés, votre employeur peut :
Vous avez le droit d’utiliser votre email privé « raisonnablement ». Votre patron ne peut lire le contenu de vos messages, dossiers ou pièces privés, à moins que vous ne soyez soupçonné d’une énorme faute (espionnage, pornographie…). Mais leurs volume, fréquence, taille et format des fichiers joints peuvent être checkés. Sont proscrits tous les messages sortant des « règles » : sexiste, raciste, etc., ou portant atteinte à l’image de votre entreprise.
Il est interdit de surveiller les activités syndicales.
Vous pouvez surfer « perso », mais idem, sans abus. Si vous explosez le score, cela peut constituer un motif de licenciement. Une heure par jour suffit pour se retrouver sur le carreau.
Votre employeur ne peut pas vous poursuivre s’il déborde des accords avec la CNIL. Les informations obtenues ne constitueraient pas de preuves valables.
Etre attentif aux messages professionnels que l’on écrit. Quand on envoie un email ou SMS pro on doit toujours se poser la question : comment ma hiérarchie pourrait l’utiliser contre moi ? Il faut éviter d’exprimer sa colère, ou de tenir des propos déplacés. Le courriel n’a rien à voir avec une conversation en face à face. Pianoté trop rapidement il pourrait se révéler fielleux.
Gardez des copies des mails professionnels que vous envoyez. Car ils disparaissent parfois. Vous avez le droit de les transférer sur votre boîte personnelle.
Lorsque vous travaillez avec une hiérarchie, vous devez toujours mettre votre chef en copie, et respecter le protocole hiérarchique.
L’intimité étant un droit fondamental, vos messages privés ne peuvent être violés. Mais pour rester perso, et ne pas être consultées, vos correspondances doivent être marquées du sceau : confidentiel.
Prévenez vos proches et amis : dans l’objet, ou dans le corps du mail ils doivent mentionner : privé, confidentiel, ou personnel.
Aussi, créez un dossier « privé » en dehors de votre compte mail, et jetez-y tous vos messages, dossiers ou pièces concernés. Ainsi, si quelqu’un d’autre ouvre votre ordinateur, par exemple un collègue lors d’un congé maladie, il les identifiera directement, et ne les ouvrira pas sans enfreindre la législation.
Cela dit, s’ils contiennent des propos « déplacés » ou des injures, vos messages pourront être dévoilés, et vous pourriez être licencié.
Parfois dans le règlement, il est interdit d’envoyer des emails persos. Contrevenir à cette clause porte à sanction, mais en vérité on ne peut interdire toute communication privée au travail.
A tout moment on peut checker les traces informatiques du salarié, sans son autorisation et en son absence. Le mieux est de ne pas utiliser l’ordinateur de boulot pour les utilisations persos !
Et si vous voulez joindre un journaliste pour lancer une alerte, oubliez l’email pro !
Il est préférable que vous n’ajoutiez pas vos collègues à vos amis FB. Particulièrement lorsque vous les connaissez à peine.
Et ne faîtes pas de déclarations négatives sur eux, ou votre boîte, sur FB, ou autres. Auquel cas votre entreprise pourrait juger ceci diffamatoire…
Les frontières entre vie privée et vie professionnelle se sont un peu effondrées ces derniers temps. A vous de sauvegarder votre vie privée en apprenant à ne pas mélanger les deux.
Et tenez -vous au jus ! Vous pouvez obtenir votre charte auprès de la commission en fournissant le numéro SIRET de votre entreprise. Il n’y en a pas toujours.
Katia
SOURCES
https://www.cnil.fr/sites/default/files/atoms/files/_videosurveillance_au_travail.pdf
http://www.assistant-juridique.fr/controler_salaries.jsp
https://droit-finances.commentcamarche.com/contents/1546-surveillance-des-salaries-au-travail
https://www.saisirprudhommes.com/fiches-prudhommes/la-vie-privee-et-personnelle-du-salarie
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