Les plus grands bouleversements restent peut-être à venir
Jusqu’où l’intelligence artificielle va-t-elle changer nos vies ?
Les plus grands bouleversements restent peut-être à venir

Jusqu’où l’intelligence artificielle va-t-elle changer nos vies ?

L’intelligence artificielle (IA) fait beaucoup parler d’elle en ce moment, et pour cause : sans que nous nous en rendions compte, elle s’est déjà immiscée dans tous les compartiments de nos vies, modifiant considérablement nos habitudes. Et c’est loin d’être terminé ! En fait, elle progresse si vite qu’il est difficile d’imaginer jusqu’où ça ira…

L’intelligence artificielle (IA) fait beaucoup parler d’elle en ce moment, et pour cause : sans que nous nous en rendions compte, elle s’est déjà immiscée dans tous les compartiments de nos vies, modifiant considérablement nos habitudes. Et c’est loin d’être terminé ! En fait, elle progresse si vite qu’il est difficile d’imaginer jusqu’où ça ira…

Désormais incluse dans nos smartphones, assistants personnels, objets connectés, réseaux sociaux et autres supports aussi bien culturels que professionnels, l’IA est partout, même si elle passe le plus souvent inaperçue. Grâce à la collecte de données tous azimuts, à la progression fulgurante des algorithmes et aux supports informatiques toujours plus performants, elle a évolué à pas de géant en quelques années seulement. 


Résultat : la technologie a déjà profondément changé nos styles de vie, sur le plan privé comme au travail. Souvenez-vous de l’avant-internet, si vous le pouvez... Et ce n’est que le début ! Car l’IA dépasse maintenant la performance humaine dans de nombreux domaines. Comme celui du diagnostic médical, par exemple ; ainsi, au CHRU de Strasbourg, une société spécialisée en IA participe depuis 2015 à l’analyse des données de malades pour affiner diagnostics et traitements.

Elon Musk, l’emblématique patron de Tesla et SpaceX, prédit le pire des scénarios : l’IA et les robots vont détruire définitivement l’emploi, ne laissant du travail qu’à une poignée d’humains. Mais il est bien seul à défendre cette perspective.

Justement, un rapport du Forum économique mondial (c’est la fondation qui organise la grand-messe annuelle de Davos) paru ce 17 Septembre prévoit que 75 millions d’emplois pourraient disparaître d’ici cinq ans. Et que les robots réaliseront dès 2025 plus de la moitié de toutes les tâches actuellement réalisées sur le lieu de travail, contre 29% aujourd’hui. 


Certains secteurs seront plus touchés que d’autres par l’automatisation, notamment la comptabilité, le secrétariat et l’assistance, les usines de montage, la gestion d’entreprise, de capitaux, de clientèle, de l’énergie… Des métiers comme le journalisme sont aussi menacés. L’IA est déjà utilisée pour écrire des articles à partir de résultats sportifs ou d’informations financières. Elle sait aussi composer de la musique, peindre et imaginer des scénarios… 
 

ʺComme lors de l’arrivée d’internet, de la photo numérique ou du smartphone, les entreprises qui ne prendront pas le virage de l’IA subiront un lent déclin. Il y aura départ des clients, de la valeur ajoutée, des meilleurs cadres…ʺ                                    Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo  

Même si tout le monde convient que la montée en puissance de l’IA engendrera des pertes de postes, les chercheurs du Forum économique mondial estiment que le secteur pourrait aussi créer plus de 130 millions d’emplois, dont un autre rapport affirme que 85% n’existent pas encore ; des métiers de conception-programmation, de supervision et de gestion homme-machine, entre autres. 


L’ONU et de nombreux intellectuels relativisent l’impact de l’IA et des robots, arguant que les pays équipés sont peu nombreux (Japon, USA, Allemagne, Chine…) et que l’industrie reste assez frileuse en termes d’investissements. En attendant, les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple), Microsoft, IBM, les acteurs de la mobilité, de la culture, du marketing, les équipementiers ménagers etc. investissent massivement dans l’IA. C’est donc bien qu’ils en attendent des retombées significatives…

« Bientôt, les livres vous liront pendant que vous les lisez », professe Yuval Noah Harari* en évoquant des Kindle « next generation » dotés d’un système de reconnaissance faciale et de capteurs biométriques.   

Son dernier ouvrage « Homo deus, Une brève histoire de l’avenir » (Albin Michel) lève le voile sur l’ampleur potentielle des changements à venir, qui pourraient rogner une certaine forme de liberté (physique, intellectuelle, financière…) au profit de plus de sécurité et de commodité. Dans ce futur, les algorithmes gouverneront davantage nos vies que nos propres volonté et libre-arbitre…


Pour Harari, nous allons évoluer vers une forme d’humanité qui, dans quelques dizaines d’années, sera plus éloignée de nous aujourd’hui que nous ne le sommes de Neandertal.  Dans le même ordre d’idée, Elon Musk pense que pour ne pas nous laisser distancer par les machines, nous seront obligés ʺd’augmenterʺ nos capacités, en particulier intellectuelles avec, par exemple, des implants de soutien dans le cerveau ! 


De l’opératrice de SAMU dont la défaillance a entrainé la mort de Naomi ou de l’IA de Google qui prend rendez-vous au salon de coiffure et réserve un restaurant, on peut se demander lequel de ces évènements est le plus à craindre…


Quant à savoir s’il faut avoir peur d’une IA façon Skynet du film Terminator, certains spécialistes n’excluent pas (à longue échéance, mais sera-t-elle vraiment si longue ?) que l’affranchissement de la machine devienne un jour d’actualité. Qu’adviendra-t-il de nous alors ? Eh bien, peut-être qu’après tout une IA susceptible d’une telle prouesse saura aussi insuffler dans le monde un équilibre et une paix que l’homme s’est jusqu’ici montré incapable d’établir…  


Jean-Pierre

 

* Docteur en histoire, diplômé de l’Université d’Oxford, précédemment auteur de « Sapiens, une brève histoire de l’humanité ».
 

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