Apocalypse now ?
La fin du monde est-elle proche ?
Apocalypse now ?

La fin du monde est-elle proche ?

08 Avr. 2019

La fin du monde aura bien lieu. En revanche, pour ce qui est de savoir quand, l’affaire se corse !

Car l’apocalypse a déjà été prévue au cours des derniers millénaires en Europe, quelques centaines de fois, au moins.

 

La perspective de fin du monde est un sentiment fort ancien, attirant et récurrent, qui « doit être probablement inscrit en nous » écrit J.C Carrière en 1998. Il ressurgit systématiquement en période de peur.

 

Pour ne prendre qu’un exemple, certains historiens  avancent que  le christianisme n’aurait pas survécu s’il n’y avait pas eu à l’époque des premières prédications  une menace de fin du monde planant sur le peuple juif !

Puissante donc, cette doctrine qui se retrouve en dehors de l’Europe.

 

En Inde, les hindouistes pensent que nous vivons à l’ère de Kali. Le Kali Yuga, époque de la destruction, régnerait depuis 3200 ans avant J.C. Pour combien de temps  ? Cinquante ans, voire trois millions d’années. Et alors, tout disparaîtra.

Mais l’hindouisme propose un système cyclique, où tout finit par revenir au point de départ. 

 

Tandis que le judéo-christianisme épouse un modèle linéaire où se situent un début et une fin : Dieu a créé le monde, il le détruira. 

 

Mais comme le fait justement remarquer Jay Gould , la fin des temps s’est déjà produite à plusieurs reprises. La dernière date d’il y a 65 millions d’années.  A  l’origine de la disparition des dinosaures,  sans elle nous ne serions pas là !

Le 20ème siècle connait aussi ses prophéties apocalyptiques, avec parfois, suicide général à la clef.

Désormais, début 21ème,  nous ne parlons plus de fin du monde, mais d’effondrement du monde.

 

Un nouvel objet d’étude émerge : la collapsologie.

Pablo Servigne et Raphaël Stevens ont inventé ce néologisme,  en 2015, ainsi défini :

 

« c’est l’exercice transdisciplinaire d’étude de l’effondrement de notre civilisation industrielle et de ce qui pourrait lui succéder. » 

L’idée d’effondrement n’est pourtant pas récente.  Depuis le Rapport Meadows en 1972, commandé par le Club de Rome, mondialement, s’est propagée l’idée d’un sombre avenir pour la planète et ses habitants, si la croissance industrielle se poursuivait telle qu’elle existait alors.  Le programme informatique World 1 démontrait que nous aurions  à faire face à de nombreux problèmes : surmortalité due à la pollution, guerres civiles pour garder les ressources, pour se nourrir…

 

Un scénario- catastrophe se mit en place, et les scientifiques exhortèrent les gouvernements à changer de cap. Mais comme nous le savons, mis à part certains milieux, tout le monde fit la sourde oreille. Et tout se poursuivit comme avant, en pire… 

 

Le bilan général, 45 ans après le rapport Meadows , est calamiteux.

 

Et c’est pourquoi on parle d’effondrement du monde plus que jamais. La consommation d’acier, par exemple, pour l’année 2011 est supérieure à la production de fer depuis les origines jusqu’à 1900. De quoi, effectivement, donner le vertige. 

 

Nombreux connaissent désormais « le jour de dépassement » ( date à partir de laquelle l’empreinte écologique dépasse la biocapacité de notre terre), qui survient de plus en plus tôt.

 

Chacun a également conscience que notre pollution est gigantesque, que les océans supportent des continents de plastique, que la concentration de spermatozoïdes a été divisée par deux chez les Occidentaux depuis les années 1960, etc.

 

Personne n’ignore  que la fin du monde s’est déjà produite pour au moins 30% de nos oiseaux européens, et plus encore de nos insectes.

 

Désormais,  un sentiment anxiogène  percute nos populations.

 

Et  il ne se passe plus un jour sans qu’un scientifique ne tire la sonnette d’alarme.

Alors,  chacun réagit à sa façon.

Il y a ceux qui persistent, « notre mode de vie n’est pas négociable » clamait Bush père en 1992. « Make America great again », surenchérit Trump, sans se référer à une Amérique antique boisée, mais bien au modèle du 20ème siècle.  En Europe,  la nécessité de la croissance industrielle est encore une priorité. Ceux-là ne veulent rien céder à leur confort. Et pourtant, aucun des dirigeants n’ignore que le monde est malade.  Tous ont entendu la déclaration de Margaret Chan, directrice générale de l’OMS, en 2015. En voici quelques extraits : ( âmes sensibles s’abstenir )

« … à l’heure actuelle, les progrès socio-économiques génèrent les conditions qui favorisent l’essor des maladies non transmissibles. La croissance économique, la modernisation et l’urbanisation ont ouvert un large passage pour la propagation des modes de vie malsains. »
  « … la pollution de l’air tue environ 7 millions de personnes chaque année »  
  « la résistance microbienne est devenue une crise médicale et sanitaire majeure. Si les tendances actuelles se poursuivent, ce sera la fin de la médecine moderne telle que nous la connaissons ».

Ensuite, il y a ceux qui baissent définitivement les bras, considérant que tout est déjà foutu.

Et puis, il y a ceux qui remontent leurs manches. Différemment, ils anticipent leur fin du monde. Des bunkers gavés de semences et de nourriture se construisent, les adeptes du survivalisme se multiplient. D’autres  réinventent le monde : mise en place de systèmes de solidarité, remplacement du plastique,  chasse au gaspillage.. Dans la joie et la bonne humeur ils  élaborent  mille alternatives, et s’organisent sans attendre aucune aide des Etats.

 

Car pour reprendre la fameuse formule :

Le monde est mort ! Vive le monde !

 

Katia

 

Sources :

http://www.who.int/dg/speeches/2015/world-health-summit/fr/

L’effondrement en questions. Publié par la Fédération Inter-Environnement Wallonie, Décembre 2017.  Très intéressant ! A lire !

The limit of the growth. A report for THE CLUB OF ROME’S Project on the Predicament of Mankind.

Entretiens sur la fin des temps. J.C Carrière, J. Delumeau, U. Eco, S.Jay Gould. Fayard 1998.

Dossier : Bien vivre sa fin du monde. Journal La Décroissance, n°131.

 

 

 

 

 

 

 

 

Devenir contributeur

Vous souhaitez écrire des articles pour Pozkafé ?

Échanger

l'avis de la communauté

Laisser un commentaire

(facultatif)
Notifications
PozKafé a besoin de votre autorisation pour activer les notifications sur votre ordinateur.