Mensonge ou vérité ?
Le bonheur au travail : un délire de managers ?
Mensonge ou vérité ?

Le bonheur au travail : un délire de managers ?

06 Fév. 2019

Le bonheur au travail, on en parle beaucoup.

Pas un seul  RH qui ne s’agite autour du thème. Mais, en fait, tout ceci ne serait qu’une vile arnaque, de la poudre aux yeux qui nous tromperait. Et il serait grand temps de changer de cap ! C’est ce qu’avancent Julie de Funès, philosophe et ancienne RH, et Nicolas Bouzou , dans « La Comédie (in) humaine ». Un livre qui a cartonné.

 

 

En ce début du 21e siècle tout RH  qui se respecte planche sur  la question du  bonheur au travail. L’entreprise le promet, à eux de le distribuer. C’est devenu un diktat en fait. Il faut que les salariés éprouvent du bien-être, il faut qu’ils  se sentent épanouis dans leur entreprise.

  

Et c’est ainsi que pour le plus grand bien des salariés "et afin d’en extraire la plus parfaite des performances", billards, baby-foot, salle de sport, cours de yoga, piscine, sauna, se sont mis à fleurir sur les lieux de travail. Prenant le relais des cours de récré,  chupa chups aux lèvres, le worker  y prend ses pauses. La Silicon Valley,  modèle du genre, excelle en la matière. Dans ce monde merveilleux, les employés partagent leurs soirées ou leurs week-ends, parfois accompagnés de leur petite famille. Tout y est orchestré par des Chief happiness officer.

 

Pourtant tout ceci ne serait que du vent, des vœux pieux, des promesses insaisissables. Bref du flanc !  Le bonheur au travail : une arnaque managériale. Voilà ce qu’avancent Julie de Funès et Nicolas Bouzou.

Pour étayer leur position, ils s’appuient en premier sur le bilan de la politique managériale du happiness : boum des maladies socio-professionnelles, explosion de la démotivation et du désengagement. Mais la pire des horreurs, pour les auteurs, c’est qu’elle pousse les meilleurs à fuir la France, et à partir  en quête  d’ horizons plus racoleurs.

De plus, poursuivent- ils, il est illusoire de penser que l’entreprise puisse apporter le bonheur à ses salariés. Car, selon eux,  le bonheur provient de l’intérieur, et ne peut être apporté par l’extérieur. Ainsi, « étrangement » on peut avoir un super taf, une famille géniale, un palace et une fortune colossale et se sentir malheureux.  À leur goût ces pratiques infantilisent des salariés qui, du reste, ne sont pas dupes.

 

Les deux essayistes ne se contentent pas de critiquer les pratiques actuelles.  À leur tour, ils apportent leurs conseils. 15  idées, pas sur le bien- être au travail, ou le bonheur, mais pour le best management du 21e siècle., un management « positiviste ».  « Juste » faire  en sorte que les gens s’investissent dans leur taf, sans y chercher du bonheur. Car avancent-ils, l’entreprise ne doit pas être un lieu de bonheur, mais de travail !

 

Petit florilège de  de leurs idées:

 

  • Aux « entreprises » ils conseillent  de donner beaucoup plus d’autonomie aux salariés. Et de réintroduire la confiance. En jetant les pointeuses, par exemple. Car expliquent-ils les gens ont besoin de trouver un sens à leur travail, ça les motive pour bien bosser.

 

  • Ils préconisent aussi d’abandonner les objectifs, pourvoyeuses de mal-être.  Ou d’abandonner les Powerpoint, les slides, les réunions interminables, les brainstormings inutiles. Tous chronophages, et empêchant le travailleur de plancher sur son vrai boulot.

 

  • Ils accusent les chartes éthiques d’être hypocrites, et immorales. Par exemple, eux préféreraient que soit encouragé non pas l’excellence, mais le courage. Le courage de s’exprimer .

 

  • Ils encouragent les salariés  à « se prendre en main ». Comment ? En osant la confrontation. En allant voir leur chef pour leur « parler vrai ». Par exemple,  lui dire qu’ils ne viendront pas à la réunion de 16 H car elle est inutile et qu’ils préfèrent travailler.  Ambiance ! Car bien évidemment plus facile, à dire, qu’à faire !

 

Les objectifs RH changent régulièrement, en fonction de l’air du temps. En ce début de 21e siècle, peut-être sommes- nous arrivés à un tournant ?

Car, finalement qui n’a pas haï cette réunion de 15H, à bailler aux corneilles ? Celle qui retarde un dossier plus urgent, et notre départ  ? Qui n’a pas rêvé, un jour, de trucider la pointeuse ? De pouvoir aménager ses horaires en fonction d’impératifs privés,  de zapper son rendez-vous annuel  et toutes les réunions du vendredi après’m ? Voire de truquer ses objectifs ? 

 

Vous peut-être ? 

 

Katia

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