La machine dans tous ses états
Le machinisme a-t-il révolutionné nos petites vies ? OUI !
La machine dans tous ses états

Le machinisme a-t-il révolutionné nos petites vies ? OUI !

Le machinisme a révolutionné l’humanité, assurément. Mais la révolution ne s’est pas accomplie en un soir, non, elle s’est étalée sur plusieurs siècles. La machine est née dans le cerveau de l’Homme, de son désir de faciliter le travail, et de rendre plus véloces certaines opérations, pour gagner du temps. Ainsi, on la retrouve dès l’antiquité, ou à l’époque Médiévale. Mais c’est au 18e siècle que son développement s’est, comme qui dirait, emballé !

Le machinisme a révolutionné l’humanité, assurément. Mais la révolution ne s’est pas accomplie en un soir, non, elle s’est étalée sur plusieurs siècles.
La machine est née dans le cerveau de l’Homme,  de son désir de faciliter le travail, et de rendre plus véloces certaines opérations,  pour gagner  du temps.
Ainsi, on la retrouve dès l’antiquité, ou à l’époque Médiévale. Mais c’est au 18e  siècle que son développement  s’est, comme qui dirait, emballé ! 

En effet, tout s’est accéléré à partir de l’invention de la machine à vapeur qui a décuplé la puissance du travail, en 1769.
Peu présente jusqu’alors, la machine progressivement, mais rapidement, va envahir tous les secteurs. Et plus encore à la fin du 19e lorsque apparaît l’électricité. 


Devenues les auxiliaires indispensables de l’Homme,  elles ne quitteront plus le monde du travail (en dépit des saccages d’usines). Elles ne feront qu’évoluer au fil des ans sous l’effet de l’expérience, ou des besoins.  Par exemple, au début 20e, alors que le rationalisme submerge les esprits, Taylor met en place l’organisation scientifique du travail (division, chronométrage, standardisation).


Par ricochet, les méthodes de travail se sont métamorphosées. Les machines ont remplacé l’emploi de nombreux artisans et paysans.

 

Mais des chamboulements sont apparus dans d’autres domaines.

Face à la multiplication de la production, et au besoin d’écouler les nouvelles marchandises, les grands magasins ont ouvert leurs portes.

Les habitudes consuméristes commencent à se modifier. Certains entrepreneurs, comme Ford, choisissent de mieux payer ses salariés qui pourront, ainsi, acquérir les produits qu’ils fabriquent.  Les objets commencent à s’entasser dans les greniers, et la vie quotidienne se mécanise (notamment par l’intermédiaire des robots ménagers). 

 

Aussi, le secteur bancaire se réorganise.  Le statut de sociétés anonymes par actions éclot en 1856 en Grande- Bretagne, avant d’intégrer la France en 1867. Naissent également les banques de dépôt qui drainent l’épargne populaire et prêtent à court terme. Le progrès coûte cher !  Et pour se moderniser le crédit devient indispensable !  


De nouvelles classes sociales se créent : bourgeoisie d'affaires, classe ouvrière et classe moyenne.
L’agriculture se métamorphose radicalement, et le paysan peut boulonner de manière quasi industrielle. 


Et puis,  grâce au chemin de fer, la distance géographique se réduit. 

 

Face à la recrudescence des machines, les débats, aux 19e et 20e se font tumultueux. 

 

  • D’un côté se rangent les enthousiastes, ceux qui croyaient dans les bienfaits de la mécanisation. Pour eux, les machines permettaient de maîtriser l’univers matériel, et ses matières premières. Elles rendaient le travail moins pénible, et octroyaient plus de temps libre à l’ouvrier. Mieux, elle l’émancipait, en l’autorisant à développer sa créativité et sa spiritualité  Elles augmentaient la fortune publique, multipliaient la production (notamment de denrées alimentaires), abaissaient les prix de revient et amélioraient l’hygiène. De plus, elles permettaient de conquérir l’espace, le temps et la faim. 
  • De l’autre côté s’alignent les « hostiles ». Ceux qui accusaient les machines de standardiser les manœuvres, et les consommateurs. Réduisant l’ouvrier à l’état de machine, elles l’enfermaient dans l’ennui, tout en détruisant les savoir-faire ancestraux des artisans. De plus, clamaient-ils, elles imposent la concentration urbaine tout en désertifiant les campagnes. Certains la blâmaient d’encourager la débauche du luxe, et de créer d’indispensables besoins  inutiles. En sus de fabriquer du chômage, et de saccager toute spiritualité ! 

 

Aujourd’hui, près de 250 ans après la fameuse invention de Watt que constatons- nous ?

 

  • Le niveau de vie s’est élevé, et la classe moyenne s’est élargie. 
  • Beaucoup de métiers ont disparu, et des nouveaux ont émergé. 
  • Le chômage touche massivement les travailleurs.
  • La pénibilité au travail a chuté, mais n’en a pas moins disparu.
  • Le savoir-faire artisanal a fondu comme neige au soleil. 
  • Les méthodes traditionnelles, incapables de concurrencer les nouvelles, sont devenues hors- jeu. 
  • L’urbanisation poursuit son cours, et les mégalopoles étendent leurs constructions partout dans le monde. 
  • La désertification des campagnes perdure. 
  • On ne meurt plus de faim, en Occident, mais on consomme une nourriture qualifiée de « malbouffe ».
  • Le consumérisme nous obsède. On possède tous, plein d’objets.
  • La spiritualité est quasi absente de nos préoccupations. 
  • Nous disposons de temps libre
  • La production de masse est devenue l’un des axes majeurs des économies nationales, avec la nécessité d’une croissance toujours grandissante. 
  • Une partie de la population et de l’économie vit à crédit. Et le surendettement a gagné nos porte- monnaie. 
  • L’agriculture a « muté ». Les exploitations sont devenues gigantesques, et le décor rural s’est bouleversé.  Selon les agronomes Lydia et Claude Bourguignon environ 90% de l’activité biologique des sols cultivés a été détruite par l’agriculture intensive.
  • La société industrielle a  supplanté  la société agricole, avant de se faire détrôner, à son tour, par le secteur tertiaire.

 

Le machinisme, disent certains historiens aurait pu se développer sous l’antiquité, mais ni les Grecs, ni les Romains ne l’ont souhaité. Gina Lombroso dans «  La rançon du machinisme », écrit en 1931 :

« Ils ne voulurent pas y arriver, parce qu’ils étaient orientés de façon à redouter plus qu’à envier les machines dont nous sommes si fiers ».

Actuellement personne ne remet en cause l’utilité des machines. Nous ne pouvons revenir en arrière, et nous en passer.


Mais attention ! La révolution n’est pas terminée, désormais arrive l’intelligence artificielle. Ses conséquences ne seront pas non plus anodines, et tel le machinisme, elle changera nos habitudes parfois les plus intimes. 

 

 

Katia

 

 

Sources :
Mécanisation. Béatrice Veyrassat. 29/12/2009. www.hls-dhs-dss.ch 
Industrialisation. Idem.
Le Machinisme dans la vie quotidienne. Max de Nansouty, 1909
Une invention de Jaurès ? La grève de Graulhet entre hygiénisme et machinisme au début du XXe siècle. Jarrige François. Cahiers Jaurès, 2011/1 (N° 199)
Des machines à l'infini. Le communisme icarien et l'imaginaire utopique des techniques (1830-1848) ». Jarrige François. Hypothèses, 2006/1 (9).
Une revue des interprétations de la révolution industrielle. Jacques Brasseul
http://www.biblisem.net/etudes/poncmach.htm

 

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