Imaginez une école où les élèves auraient plaisir à se rendre, où les cours ne sont même pas obligatoires, qui ne sanctionne ni ne contrôle ni ne note, n’est le théâtre d’aucune violence et où ils participent à la gestion de l’établissement. Impossible ? Eh bien non, puisque ça existe, et en France en plus !
Selon un sondage* de 2016, 52% des parents (77% pour les parents de lycéens) interrogés jugent que l’école n’est plus adaptée aux enfants d’aujourd’hui. Par ailleurs, 89% d’entre eux voudraient plus de bien-être à l’école, 73% prônent la réduction du temps scolaire et 63% préfèreraient des groupes de niveau homogène aux classes traditionnelles.
Du côté des élèves, pas davantage de satisfaction. Moins de 20% des élèves français disent aimer l’école et plus de la moitié disent éprouver l’angoisse de l’échec de façon récurrente. L’Education Nationale peut se targuer d’un nombre croissant de cas de rupture, d’échec, de phobies, sans parler de la violence qui gangrène les établissements comme elle le fait dans les villes…
Créé pour apporter une réponse à l’échec scolaire, cet établissement accueille 150 élèves, accompagnés par une vingtaine d’enseignants. Ensemble, ils élaborent eux-mêmes leur formation de A à Z, et cogèrent le fonctionnement, prenant en charge par équipes la cuisine, le secrétariat, l’entretien… Bref, l’apprentissage, la démocratie et la responsabilité, plutôt que d’en entendre parler, ils les vivent !
Il n’est donc pas nécessaire d’aller jusqu’en Finlande (les pays scandinaves sont souvent montrés en exemple) pour trouver un modèle scolaire plus attrayant. Là-bas, tout est fait pour rendre l’apprentissage aussi ludique que possible. Les notes sont quasi-inexistantes en primaire, les emplois du temps moins chargés de 25% qu’en France, et dès qu’un élève décroche, il est pris en charge par un enseignant spécialisé.
Tandis que l’Estonie, la Finlande et la Slovénie sont les mieux placés en Europe au classement PISA** (respectivement 3ème, 5ème et 12ème), le France pointe au 26ème rang. Mais cocorico, l’hexagone est quand même champion sur un point : l’indiscipline ! Le professeur en sciences de l’éducation Denis Meuret est arrivé à cette triste conclusion à la lumière des résultats de l’enquête PISA 2015 (qui prend en compte des critères comme le bruit dans la salle de classe, le temps d’attente avant que le cours puisse débuter etc.).
Pas étonnant dans ces conditions que l’enseignement privé fasse le plein comme jamais : certains parents se précipitent dès la maternelle pour y inscrire leurs rejetons, comme à la très prisée Ecole alsacienne dans le 6ème arr. de Paris. Ou se résignent à faire l’école à la maison. Et bien que ces pédagogies alternatives obtiennent régulièrement de meilleurs résultats, l’école de la République reste obstinément hermétique, préférant continuer à rogner la créativité, l’enthousiasme et l’intelligence naturels de ses enfants. A quelle fin, si toutefois il y en a une ?
Jean-Pierre
*Sondage réalisé en ligne par OpinionWay les 13 et 14 avril 2016 auprès de 544 parents d’élèves, à la demande de la fédération des parents d’élèves de l’enseignement catholique en partenariat avec le journal La Croix.
** PISA pour Program for International Student Assessment, soit en français Programme international pour le suivi des acquis des élèves, est un ensemble d’études réalisées par l’OCDE pour mesurer les performances des systèmes éducatifs.
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