La rumeur gronde, pourquoi ? A cause du statut des cheminots, quand ça ?
En 1926 ... Mais commençons par le début.
Effectivement, chaque branche jouit d’une convention spécifique réglant diverses questions comme la formation, ou la mobilité.
C’est là que réside le statut des cheminots.
Sur l’écran, les mots semblent paisibles, mais la réalité reste imprégnée de batailles.
Les premières lignes ferroviaires émergent dès 1827. Un système d’économie mixte se développe.
En 1851, le réseau compte 3500 km, et les multiples concessions [1] seront regroupées en six Compagnies :
Chacune possédait son « esprit de réseau »[2].
Les patrons, la plupart hommes d’affaires, tels les Pereire, ou la banque Rothschild, sont accusés de féodalité financière[3].
Aprement les cheminots arrachent leurs droits, leurs manifestations sont musclées.
1912, enfin, un statut pour les cheminots d’Etat est validé.
Puis, en 1920 un statut unique à tous les cheminots est institué. Ils obtiennent les 8 heures, la sécurité de l’emploi, des augmentations, la loi sur les conventions collectives, 15 jours de congés payés, les délégués du personnel, et un comité de travail.
Depuis, de gauche à droite, telle une horloge comtoise, le statut des cheminots se balance, au grès du temps.
Après leur rattachement à l’Empire (1871 / 1918), les Alsaciens durent remonter dans le train, français. Mais l’installation traîne.
La France « de l’intérieur » se méfie d’eux, et dans les anciens territoires occupés, certains ronchonnent. Certes l’administration des chemins de fer d’Alsace et de Lorraine a été créée en 1919, mais en 1921, leurs cheminots endossent encore l’uniforme de l’Empire, faute d’en avoir de nouveaux ! Et puis, ils veulent bien du statut français, mais sans perdre les avantages d’Empire.
En 1926, le personnel d’Alsace et de Lorraine n’a pas encore intégré le système des retraites des agents des autres réseaux. Urgence ! Tonne le ministre des travaux publics[4]
Katia
Sources :
[1] Cf : Théorie de l’agence et concessions de chemin de fer français au 19ème siècle, Guy Numa, 15 mars 2009, revue.org.
[2] Cf : Cultures d’entreprises : le cas des cheminots, des compagnies à la SNCF, Georges Ribeill, http://books.openedition.org/editionsmsh/3759?lang=fr.
[3] cf : Lucien Febvre, « Quatre leçons sur le Syndicalisme Français (août-septembre 1919 et été 1920) », Le Mouvement Social 2012/1 (n° 238), p. 17-51. https://www.cairn.info/revue-le-mouvement-social-2012-1-page-17.htm
[4] Séance du 17 avril 1916, Sénat.
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