Un monde sans pauvreté, voilà de quoi rêvent les pauvres. Mais la question taraude également de nombreux théoriciens, qui en sont venus, au fil du temps, à imaginer un revenu universel alloué à tous, jeunes ou vieux, chômeurs ou travailleurs…
Cet article retrace la genèse de cette conception économique, et vous fournira les clefs qui vous permettront d’en comprendre les principaux enjeux.
Go !
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, la conjoncture s’avère scabreuse. A l’instar de l’Allemagne et d’autres contrées européennes, la France est détruite tant physiquement que mentalement. En sus de l’ignominie de la guerre achevée, les stigmates de la crise des années 30 imprègnent les esprits.
Il fallait reconstruire la société, mais sur des bases plus bienveillantes vis-à-vis de la masse.
Mais dans les années 1970 « la » crise repointa son nez, et au fil des années, on continua à s’enfoncer dans le chômage.
Le bilan était affligeant : les aides sociales n’endiguaient pas la pauvreté, et l’Etat échouait à garantir le plein emploi.
Alors, certains conçurent d’autres schémas économiques, et imaginèrent le Revenu minimum.
Le concept n’était pas nouveau, il revenait sur le devant de la scène, mais l’idée paraissait encore loufoque et totalement « utopique » aux yeux de la majorité.
Il préconisait : l’abolition de toutes les aides sociales ; le versement d’une allocation à vie aux personnes, sans condition mais variable en fonction de l’âge ou d’un éventuel handicap ; la suppression de toutes les contraintes pesant sur le marché du travail, (exit : smig, réglementation horaire, âge à la retraite, exonérations….). De plus, au contraire des systèmes d’aide actuels, les personnes auraient le droit de le cumuler avec un travail, et le toucheraient individuellement et non plus dans le cadre de leur ménage, ou famille.
Adopté, il bouleverserait la société :
Pour ceux qui se contenteraient d’une vie simple, celle du revenu de base, le travail pourrait devenir l’expression d’une passion.
Quant à ceux qui rêveraient de s’enrichir, rien ne les retiendrait de bosser comme des oufs pour des entreprises, qui deviendraient peut-être plus efficaces, et douces à vivre.
Il y a ceux qui croient que ça coûterait un argent de « dingue », que ce serait un premier pas vers le démantèlement de la Sécurité sociale, ou les jobs à 1 euro. (déjà présents en Allemagne). D’autres prévoient que les employeurs en profiteraient pour baisser leur salaire, que l’écart entre les basses et les hautes rémunérations s’élèverait, que les prestations de services atteindraient des tarifs vertigineux, que la société entière serait ubérisée, ou transformée en fainéants assistés.
Même du côté de ses défenseurs, des divergences émergent : doit-on le verser aux adultes uniquement, ou à tous sans condition ? Le montant doit-il avoisiner les 500 euros (toujours par peur des fainéants non encouragés à travailler), ou 1000 euros pour offrir la liberté de travailler ou non ? Doit-on sucrer toutes les aides, ou en conserver quelques-unes ? conserver le SMIG ou non ? Augmenter les impôts ou établir une taxe sur les transactions financières ?
Une chose est certaine, désormais, ainsi que le souligne Stéphan Lipiansky, l’idée d’un revenu universel a débordé du cadre intellectuel, il a intégré certains programmes politiques. Forcément ! la paupérisation et le chômage poursuivent leur courbe ascendante un peu partout sur la planète, il est urgent de trouver une nouvelle équation.
C’est pour cela que diverses régions du monde ont décidé de le tester sur le terrain. En France, 13 départements ont décidé de présenter un préprojet de loi à l’automne prochain… à suivre donc !
Katia
Sources :
https://www.sudouest.fr/2018/06/07/bientot-un-revenu-de-base-dans-quatre-departements-de-nouvelle-aquitaine-5124349-710.php
Denis Clerc et Michel Dollé, Réduire la pauvreté, un défi à notre portée, Les Petits Matins.
Stéphan Lipiansky, « Une nouvelle perspective sociale pour l'Europe : l'allocation universelle », Connexions 2005/2 (no 84), p. 147-160.
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