La preuve ? : Le système a perduré durant des millénaires en se développant sur tous les continents.
C’est l’Homme, cet être suprêmement intelligent et infiniment supérieur aux autres espèces, qui a accouché de cette idée géniale, grâce à son super cerveau. Et qui l’a transcrit dans ses lois, conventions, accords, et us et coutumes :
Séparer les hommes en plusieurs castes (ou races), donner des droits à certains et les dénier à d’autres, piétiner l’idée (incongrue) d’égalité entre les Hommes, persuader chacun qu’il existait dans la nature des êtres inférieurs, qu’il fallait diriger.
Bien évidemment, ces théories ont été entièrement produites par les supérieurs, car les cervelles subalternes sont toujours incapables d’élaborer aucune philosophie sérieuse. Chacun le sait ! A titre d’exemple ? Hornius, en 1664, dans sa « théorie de l’origine divine du pouvoir », explique que l’autorité des maîtres provient de Dieu. Tandis que d’autres intellectuels avançaient l’idée d’une hiérarchie naturelle.
De ce fait, durant des millénaires des personnes ont travaillé, et dépensé leur existence pour d’autres. Pourquoi ? Mais qui pose la question ? Un inférieur, assurément, qui n’aura pas mûrement réfléchi aux enjeux économiques, et pratiques.
Sans doute aussi parce qu’il méconnaît le bonheur jouissif de se retrouver dans la peau du dominant. Adam Smith fut l’un à le reconnaître :
La domination, comment dire, ça gonfle le moral, et redonne confiance à tous les avortons débiles de la création ! Fais ci, ici, là, pas comme ça, baisse les yeux, baisse ton froc. Et lorsqu’ une société assure sa légitimité, elle leur permet d’explorer la facette féroce qui dort en eux, en pratiquant toutes les expériences les plus sadiques imaginables. En sus, avantage des plus appréciables, de disposer de multiples sex toys, à volonté.
Mais revenons aux faits économiques.
Tout au long de ces millénaires écoulés, les esclaves ont occupé une importance capitale dans les économies. Leurs fonctions étaient diverses : satisfaction des plaisirs du maître, garde de harems, travaux des champs, mines, petites et vastes constructions.
Ce sont eux qui ont fait prospérer le commerce outre-mer, le système de plantation, et certaines substances dont nous deviendront accros : tabac, sucre, coton, bois d’ébène, hévéa, thé.... Ils ont contribué, également, aux grands travaux et à l’essor du chemin de fer aux 19e, et début 20e .
Si la question de l’interdiction de l’esclavage paraît tardive, c’est que les législateurs appartenaient à la caste supérieure.
Ce qui nous semble évident aujourd’hui, ne l’était pas hier. En France, par exemple, l’esclavage ne fut pas supprimé en 1789. La déclaration des Droits de l’homme et des citoyens, s’est occupée prioritairement du droit à la propriété (de meubles, bétails, terres ou esclaves). C’est à Saint- Domingue que l’asservissement fut en premier aboli, grâce à Santhonax et à l’affranchi Toussaint Louverture, en 1773. Paris suivit en 1794, avant de se rétracter et de rétablir en 1802, l’esclavage , la traite et le Code noir. Mais, à vrai dire, l’interdiction n’avait pas été respectée. Et Toussaint, arrêté, périt dans une geôle en 1803, loin de chez lui, au fin fond du Jura.
Les esclavagistes résistaient. Ils criaient au loup ! Prévenant chacun de l’écroulement de l’économie, ils s’affairaient à conserver leurs privilèges. Et leurs arguments étaient fort bien accueillis dans cette France où les colonies jouaient un rôle essentiel dans l’économie du pays. Il y aurait eu 500 000 esclaves à Saint-Domingue, et 700 000 en Martinique et Guadeloupe. Car, reprenant l’antiphrase de Montesquieu :
Les priorités de ces hommes étaient financières, c’est pourquoi des économistes libéraux abolitionnistes leur répondirent sur le même registre. Adam Smith pensait que le travail servile était moins vertueux et rentable, voire plus onéreux que le travail libre. De plus, il affirmait que la servitude était incompatible avec la liberté économique. Ce n’est pas en France qu’est apparu le mouvement abolitionniste, mais dans le monde Anglo-saxon.
Finalement l’esclavage et la traite furent interdits partout, graduellement au long des 19e et 20e siècles. Et tout est bien qui finit bien !
Enfin, pas tout à fait ! Car si nous n’avons pas l’habitude de croiser l’esclavagisme dans nos douillettes maisons, d’autres continuent à le vivre. De nombreuses associations le dénoncent, comme le Comité contre l’esclavage moderne. Il concerne des millions de personnes de par le monde, dont près de 215 millions d’enfants selon l’OIT. Et la France n’est pas en reste, on y dénombre, aussi, des esclaves domestiques, pour la plupart étrangers.
C’est que c’est tellement pratique, qu’on a du mal à se défaire de cette vieille habitude ! Des plus naturelles, continuent à assurer certains.
Katia
P.S : Le sujet aurait mérité d’être traité en plusieurs centaines de pages. Il fait l’impasse sur de nombreux moments dramatiques de l’histoire humaine, notamment les camps de concentrations et les travaux forcés du 20e siècle.
Sources :
Histoire de l’esclavage. De l’antiquité à nos jours. Christian Delacampagne. Le livre de poche, 2002
L’esclavage à l’isle de France de 1715 à 1810. Karl Noël. Edition Two Cities
Histoire populaire des Etats-Unis. E. Zinn. Editions Agone.
Le Code noir. Edition, L’esprit frappeur.
Le « Monitor » et le « Mérignac ». Cel Bon de Suarce. 1862
« Faut-il rétablir l'esclavage en France ? ». Jean-Yves Grenier. Droit naturel, économie politique et esclavage au XVIIIe siècle, Revue d’histoire moderne & contemporaine 2010/2 (n° 57-2), p. 7-49.
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