Comme dans un livre de romance, figurez vous que j’y ai rencontré la personne qui partage ma vie. Alors oui, ma vie d’expatriée, je l’aime, je l’adore. Mais elle n’est pas que cela. Elle m’a permis de faire mon premier break professionnel. De tester ma résilience. Et de mieux revenir en France.
Enfin ! Votre diplôme en poche, vous avez arpenté les couloirs des entreprises en quête du premier job. Le CDD longue durée signé ou le CDI convoité décroché vous êtes bien installé. Oui… mais peut-être avez-vous le sentiment d’avoir été trop vite, d’être entré dans la vie active sans considérer les autres opportunités. Celles offertes à la jeunesse. Les moins de 30 ans. Il n’est peut-être pas trop tard pour vivre une vie d’expatrié ou d’expat’, pour les initiés.
Je l’avais attendu pourtant ce CDI qui s’appelait désiré. Tellement attendu qu’au final, lorsqu’il est arrivé, je n’en voulais plus tant que ça. Et puis, cette précarité –toute relative au regard du salaire que je touchais– me permettait de voir d’autres horizons assez régulièrement. Tant et si bien que j’y ai pris goût à tous ces déménagements. Mon employeur ne s’y attendait pas et a pris la mouche, purement et simplement, lorsque j’ai annoncé ma démission. Pas un congé sans solde, non… Une démission. « Je crachais dans la soupe » m’ont alors envoyé ceux qui, depuis, ont quitté ce quotidien pour embrasser des carrières dans le public. Bonne planque ! Je n’ai pour ma part jamais eu aucun regret. Même s’il m’a fallu repartir de zéro. De moins 30 même, si l’on pense aux températures outre Atlantique.
Je savais que je pouvais compter sur quelques amis une fois sur place. Sur le côté francophone du pays aussi. Car soyons honnêtes : les langues vivantes ne sont pas mes amies. J’essaie, mais sans jamais vraiment parvenir à me défaire de cette criante angoisse au moment de prendre la parole (Lire aussi J’ai tenté d’apprendre les langues). Bref. J’avais choisi le Québec pour m’expatrier. Parce que le pays m’attirait. Parce que la sympathie de ses habitants dépasse l’entendement. Parce que j’adore ses chanteuses (Rires). J’ai choisi le Canada, sa belle province du Québec, Montréal et son plateau, la colocation avec des amis français de France et une québécoise (quand même).
Pour les jeunes français désireux de voir du pays et tester sans trop d’engagement la vie hors métropole, il y a un moyen très simple. Soit vous êtes encore étudiant et pouvez partir en Erasmus. Soit vous optez pour un PVT, Permis Vacances Travail. Un passeport pour l’aventure, limité dans le temps –une année-, qui peut vous emmener dans de nombreux pays (Nouvelle-Zélande, Australie et Canada entre autres) sous certaines conditions. Et oui, il vous faudra vous décider sans trop attendre, car vous devez avoir entre 18 et 30 ans (35 ans pour la Canada) pour bénéficier du programme. Ensuite, la plupart des pays d’accueil vous demandent un minimum de ressources financières (retrouvez les montants pour chaque pays sur le site France diplomatie) et quelques autres formalités que vous trouverez directement sur les sites gouvernementaux des pays envisagés.
PVT en poche, j’ai parcouru la ville pour m’imprégner de ses détails. J’ai respiré Montréal, j’ai mangé, dansé, vibré Montréal. Et un peu aussi travaillé. Mais plus qu’un emploi et un salaire, ce que j’ai véritablement trouvé outre Atlantique, c’est moi-même, une amitié sincère et un amour. Joli bilan. Sur moi-même, j’ai découvert une forme de résilience. Mais cela est venu à mon esprit une fois de retour au pays. Dans chaque entretien passé depuis mon séjour, bien que court, au Canada (onze mois), dans chaque décision professionnelle prise par la suite, résonnent en moi l’expérience et la confiance acquises il y a plus de dix ans maintenant. Car c’est en sautant le pas, en sortant de cette zone de confort que j’ai puisé dans ma nature réelle. Je sais désormais que je suis capable de retomber sur mes pattes (lire aussi Ma vie de reconvertie). Malgré la conjoncture économique, il y a toujours une place pour les audacieux. Et je ne parle pas forcément de devenir le prochain Steve Jobs. J’en suis loin.
J’aurais pu être gênée de revenir un peu bredouille professionnellement parlant, puisque je n’ai pas réussi à me faire embaucher à la Presse ou au Journal de Montréal. Il n’en fut rien et ce fut plutôt le début d’une carrière (loin d’être terminée) qui n’a pas fini de me surprendre. L’expatriation n’est pas toujours facile à vivre. En tout cas, pas tous les jours. Il est nécessaire de se créer d’autres repères, assimiler d’autres coutumes, d’autres formes du bien vivre ensemble. Certaines situations sont cocasses d’autres un peu moins. Je n’ai pas forcé le destin en osant un pays dans lequel je ne maîtrisais pas la langue. Pourtant, le Québec n’est pas la France. C’est un doux et savant mélange d’Amérique du Nord et de vieille Europe. Dans ce qu’elles ont de meilleur je pense. Mais c’est mon avis. Je conseille de vivre cette expérience. Pas forcément sur une longue durée, mais pour un minimum de trois mois. Pour sortir du simple rôle de touriste.
Dans tous les cas, vivez, expérimentez, testez, trompez-vous, détrompez-vous. Il n’y a pas d’échec, il n’y a que des tentatives de réussite. Et chacune de ces tentatives sont autant d’atouts pour construire vos vies professionnelle et personnelle.
Sources : www.diplomatie.gouv.fr
Delphine Payan Sompayrac
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