Les Hommes sont des fêtards, mais bien souvent lors de leurs « joyeuseries » ils ne savent se limiter.
Voilà un sacré problème posé aux gouvernants depuis la « nuit des temps ». D’un côté ils ne peuvent interdire la fête, mais de l’autre ils s’en méfient, et cherchent à la limiter. Un débordement de foule est si vite arrivé…
Depuis ces trente dernières années toute une kyrielle de normes visant à réglementer les espaces festifs ont transformé la teuf.
Les bars se doivent de les respecter, et elles concernent divers domaines :
L’alcool : les open bars ont été interdits, et les Happy hours réglementés. Les exploitants sont tenus de posséder un stock d’éthylotest à disposition, et de ne plus servir les clients ivres, sous peine d’amende, etc.
Le bruit : le tôlier doit faire effectuer une étude agréée d’impact des nuisances sonores de son local, et procéder, éventuellement, à sa mise aux normes. Le niveau sonore des lieux festifs est limité à 105 décibels. Si les bars sont mitoyens d’habitations, ils doivent les isoler.
La sécurité : l’exploitant doit assurer la sécurité des clients, services d’ordre bienvenus !
Mais la liste est longue : hygiène, accessibilité, incendie, toilettes, cigarette, points d’eau…
Et ces mesures s’appliquent aussi aux festivals et autres organisations festives.
Nombre de lieux, comme les boîtes de nuit, ont fermé leurs portes. Car comme vous pouvez vous en douter : mettre un établissement aux normes, ce n’est pas peanuts mais plutôt bonbon !
La rue, elle aussi, est réglementée. Le code de la santé publique stipule qu’une personne en état d’ivresse sur la voie publique, comme dans les lieux publics, risque la cellule de dégrisement et une amende. Et le code pénal condamne le tapage nocturne troublant la tranquillité d’autrui, avec amende et confiscation des éventuels instruments délictueux. Mais à Strasbourg, par exemple, la police municipale peut intervenir de jour comme de nuit.
Des arrêtés anti-alcool ont été votés dans plusieurs villes françaises, dont Belfort et Strasbourg. A certaines heures de la journée, ou de la nuit, ils interdisent la vente et la consommation d’alcool sur la voie publique. En centres-villes principalement, ils visent particulièrement les jeunes et les « traine- savates ».
Quant à chez vous, la loi « bruit » vous concerne également. Sachez que si vous prévoyez une teuf, mieux vaut prévenir vos voisins, ou le maire de votre village. Car si votre tapage se fait trop bruyant, et qu’importe la raison, vous contrevenez à la loi.
Ajoutons à cela que désormais, les élus ne sont plus les seuls à tenter de contenir les débordements des fêtards. Dernièrement les associations de riverains se sont multipliées pour s’y attabler, et agir tels des lobbys pour peser sur les politiques des villes.
Le réseau Vivre Paris, par exemple, lutte depuis 2010 « pour le droit de dormir la nuit et de circuler sans entrave sur l’espace public le jour ». A l’origine Parisien le mouvement s’est élargi en créant un réseau européen en 2016. En 2017 ils se sont réunis à Madrid.
A Strasbourg c’est l’association Calme Gutenberg qui s’est engagé dans la bataille. A partir de 2013 ses membres, hyperactifs, ont filmé les décomplexés fêtards braillant à la table des restaus, ou bras dessus bras dessous dans la rue ; et à collectionner les photos de vomis. Puis, ils balancent le tout sur la toile, sans flouter les visages. Aussi, ensemble ils répertorient les dommages matériels, et contestent toute politique de la mairie en faveur de la vie nocturne. Ils ont d’ailleurs incité le maire à durcir sa Charte pour la vie nocturne établie en 2010.
En signant cette charte des exploitants de lieux festifs s’engagent. Par exemple : à relayer les campagnes de sécurité routière et les moyens de covoiturage ; à surveiller les toilettes, lieux de trafic ; à ne pas encourager la consommation en affichant des prix trop bas, etc.
Le cœur de La fête ne s’est tout de même pas arrêté de battre (voir l’article La place des fêtes dans notre société). Les petites habitudes se sont « réorientées » de diverses manières :
Certains, lassés d’un espace public trop contraignant, se sont refermés chez eux. C’est là désormais qu’ils festoient, et que leurs amis dorment, Code de la route oblige.
D’autres ont lancé le goût des free parties, ces fêtes organisées en mode underground.
Les festivals ont multiplié leurs propositions camping ou hébergement.
Toutefois quelques-uns, principalement des amoureux de la vie nocturne, s’inquiètent. L’un d’eux parle de « colonisation de la nuit par le jour ». Il est vrai que leur milieu de vie est catégoriquement remis en cause. Certains sympathisants de Calme Gutenberg, par exemple, considèrent que les professionnels de la nuit émettent des pollutions, au même titre que d’autres industries.
Voilà, dans nos villes se joue depuis quelques années l’impossible entente entre les fêtards nocturnes et les dormeurs excédés par leur bruit.
Mais qui sait ? La situation changera peut-être. Car pour endiguer la fête, les élus ne réfléchissent plus uniquement en termes de répression. Ils œuvrent désormais pour un changement des mentalités : insuffler aux foules une autre manière de faire la fête.
A Besançon, par exemple, pour changer les habitudes, la ville a organisé en 2016 une soirée dans un musée d’art contemporain, sans alcool avec de la musique aux casques. Question de montrer qu’on peut faire la fête sans alcool, en silence.
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