J’ai 23 ans, et je suis étudiante en deuxième année de master en littérature anglaise à Strasbourg. Comme la majorité des étudiants que je connais, je dois jongler entre les cours, les révisions, un petit boulot, et puis aussi, avec tous les petits détails de ma vie à moi, la vraie vie. Et la vraie vie c’est quoi ? et bien ce sont les factures, le manque de sommeil, les démarches administratives interminables, le loyer, les courses, et j’en passe. Parce qu’on a tendance à l’oublier, surtout moi peut-être, mais être étudiant ça veut aussi dire mener une double vie, et croyez-moi, c’est pas aussi marrant que dans James Bond.
Dire que quand j'étais encore lycéenne j'avais construit tout un mythe autour du terme "étudiant". Dès que l'on prononçait ce mot, je m’imaginais tout de suite une personne libre, faisant acte de présence quelques heures par semaine sur les bancs de la fac et passant son temps à faire la fête ! Il faut dire que les films comme American Pie ou les séries comme Gossip Girl... entretiennent ce fantasme.
Le retour à la réalité a été assez brutal, surtout lorsque j’ai mis les pieds en classes préparatoires, hashtag le bagne. On a tous entendu des choses comme « la prépa c’est la voie royale qui mène aux grandes écoles » ou encore « la prépa c’est la garantie d’une réussite future ». Moi je pense plutôt que la prépa c’est dire adieu à toute vie sociale pendant une ou deux années, parfois même trois, et se demander tous les jours si on a le temps de faire une sieste d’une demi- heure ou si on ferait mieux tirer une croix sur son sommeil.
En fait, de manière générale, être étudiant c’est souvent tirer une croix sur pas mal de choses. C’est choisir les pâtes plutôt que le restau. C’est se retrouver propulser dans la vie adulte, mais sans pour autant être considéré comme un adulte par le reste de la société. C’est pas pour rien qu’on a toujours le choix entre cocher la case « salarié » ou « étudiant » sur les fiches de renseignement. Etudiant, c’est l’entre-deux, c’est n’être pas souvent pris au sérieux tout en gagnant des réductions un peu partout, comme si le monde s’excusait et nous consolait avec un menu BigMac au tarif réduit. Etre étudiant finalement, c’est devenir un « adulte » bien avant l’heure, souvent sans y être préparé, tout en restant un gamin.
Alors c’est vrai qu’être étudiant c’est se confronter à une réalité pas facile tous les jours (on comprend d’ailleurs très vite pourquoi les adultes n'aiment pas vieillir...), mais c’est aussi, et surtout, une période d’évolution. Finalement, être étudiant c'est essayer d'être un adulte le temps de quelques années afin de nous préparer à l'inévitable mais en sachant qu'on a toujours un filet de secours derrière nous – nos parents.
Et puis, il faut bien l’avouer, on trouve toujours le temps pour décompresser et faire la fête, parce que l’avantage d’être étudiant (car il y a tout de même des avantages !) c’est qu’on récupère bien plus vite en lendemain de soirée que lorsqu’on est plus vieux.
Inès
l'avis de la communauté