Il y a peu, encore, Hugo ne se serait jamais douté que la suite de son existence se déroulerait à quelque dix mille lieues.
Lui qui se sentait tellement bien dans son petit clocheton français, sans idée ni volonté de le quitter. Mais une série de rebondissements et de ricochets vinrent déranger sa tranquillité ! Voilà comment l’histoire se plia : Il accomplit son premier voyage pour rejoindre son père en Inde. Il rentra en France, mais mordu, il travailla et économisa pour mieux repartir : Thaïlande, puis Nouvelle- Zélande en mode woofing. Il sillonne le pays, se met à rêver de s’y installer, repart en Thaïlande peaufiner son projet, tombe amoureux, et le voici désormais, avec sa compagne, à la tête d’une guesthouse. « J’adore !» s’exclame- t-il. « Ici je peux créer mon entreprise de toutes pièces, en France, cela aurait été impossible, il y a trop de normes et de contraintes, tout coûte cher, et j’apprends plein de choses ». C’est lui qui a construit les bungalows, qui gère le booking, la compta,etc. Il s’éclate, et n’éprouve aucune envie de revenir. Même si, ne l’oublions pas, parfois, les situations peuvent se révéler pénibles, et hard à franchir.
Fin 2017, 1,8 million de Français sont inscrits sur les registres des Français à l’étranger. Mais comme cette inscription n’est pas obligatoire, il est impossible de fournir un chiffre réel du nombre d’exilés volontaires. Force est de constater qu’il est non négligeable, et que de plus en plus, jeunes ou vieux sont attirés par une vie qui s’égrène sous d’autres auspices.
Leurs destinations premières sont la Suisse, les US, l’Angleterre, l’Allemagne, mais on les retrouve partout sur la planète.
Leurs motivations sont aussi diverses qu’humaines, et parfois diamétralement opposées ou complémentaires !
Il y a ceux qui décampent pour des raisons purement financières. Ces derniers souhaitant payer moins de taxes, ou toucher des salaires plus importants.
Il y a ceux qui s’envolent pour acquérir des expériences professionnelles valorisantes pour leur C.V, ou améliorer leur english ou leur spanish.
Il y a ceux qui s’enfuient par manque d’oxygène parce que, soit le marché du travail (ou l’école) les incommode, soit l’ambiance générale leur paraît trop délétère, soit les difficultés pour monter leur propre business s’avèrent trop problématiques.
Et puis, il y a ceux qui mettent les bouts parce qu’ils trouvent la France ennuyeuse, des aventuriers qui ont besoin de se nourrir de nouvelles cultures, et de nouveaux possibles.
Que découvrent-ils ailleurs ?
Des milliers de trucs, certes, mais presque tous s’accordent sur ces points :
Les Français sont des gros râleurs ! Il y a d’autres manières d’appréhender la vie, avec le sourire et humour !
Reste la découverte du sens de l’hospitalité, qui parfois, avouons-le, hum, fait défaut aux Français …
Le besoin de partir travailler ailleurs, n’est pas un phénomène nouveau dans l’Histoire de France.
Au 19e, en France, l’émigration est bien plus importante que l’immigration. Mais certaines régions françaises sont plus concernées que d’autres. Et c’est l’Alsace que l’on retrouve en pool position, number one en pourcentage de départ ! Il faut dire que l’habitude avait été prise avant, lorsque moult Alsaciens fuyaient en Suisse, ou dans le Wurtemberg, à la recherche de tolérance religieuse.
En 1844, par exemple, Castroville est fondée au Texas (USA) en grande partie par des Alsaciens. Aujourd’hui on raconte qu’on y pratique encore la langue ! Aussi, nombreux furent ceux à s’exiler après 1871, fuyant et refusant l’annexion.
Aujourd’hui, les Alsaciens n’ont pas rompu avec cette tradition, on les retrouve aux quatre coins de la planète, de l’Afghanistan, à l’Australie en passant par les US, le Cambodge, la Chine, le Liban, etc. !
Bref, revenons à nos moutons, et concluons ainsi : Le plus dur finalement quand on part, c’est … le retour.
Déjà lorsqu’ils vivent à l’étranger, les expats’ ne se sentent guère soutenus par les ambassades ou consulats français. (Auprès desquels il est devenu presque impossible de joindre un interlocuteur Français )
Mais à leur retour au pays, le malaise empire ! Parce que quand on revient, c’est un peu comme si on n’avait jamais été Français. Pour récupérer la sécu, ou toucher le RSA, par exemple, il faut attendre trois mois (de résidence stable) ! Chaud, chaud, parfois, le back home !
P-S : Etes-vous déjà parti travailler à l’étranger ? Ou bien en rêvez-vous ? … Témoignages welcome !
Katia
Sources :
https://lepetitjournal.com/les-francais-de-letranger-en-chiffres-156596
https://www.latribune.fr/vos-finances/immobilier/expatriation-une-fois-au-portugal-les-gens-n-ont-plus-envie-de-revenir-607968.html )
Les migrants français aux Amériques (XIXe-XXe siècles), nouvel objet d’histoire, par François Weil, dans Annales de Démographie Historique, 2000-1.
Perspectives historiques sur l’immigration française aux Etats-Unis, Claude Fohlen, dans Revue Européenne des Migrations internationales, 1990.
https://alafindelaroute.com/2014/03/20/castroville-un-petit-bout-alsace-au-texas/
http://www.alsacemonde.org/les-alsaciens-dans-le-monde/portraits-dalsaciens-dans-le-monde
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