Afin de mieux comprendre les enjeux du sujet, emparez -vous de la clef suivante : Au XIXème, l’éviction des régimes royalistes et impérialistes par les régimes démocratiques bouleversa l’organisation de plusieurs pays (dont la France). Désormais, les maîtres n’étaient plus chefs par hérédité, ou droit divin, mais par le biais des élections.… En introduisant le vote universel (dont les femmes furent exclues plus d’un siècle), on permit aux masses de choisir les dirigeants qui administreront leur jeune nation.
Mais accorder un tel pouvoir à un peuple que l’on considérait dangereux et crasseux d’ignorance épouvanta chaque potentiel dirigeant !
Car le boulevard menant au pouvoir n’exigeait plus de devoir faire «copain-copain» avec le roi et son entourage, mais de guider, et d’orienter les gens afin qu’ils choisissent correctement, et volontairement, leur bulletin.
Les scientifiques se mirent à plancher sur l’Opinion publique qui gagna ses lettres de noblesse.
C’est parti ! : Un énième scandale éclabousse la prestigieuse compagnie américaine. A nouveau pris dans la tourmente des réquisitoires, et pas des moindres, M. Zuckerberg a dû répondre aux questions d’une commission de sénateurs américains, inquiets, en avril 2018.
Pourquoi ? À cause du scandale Cambridge Analytica
Cambridge Analytica est une société de communication et de conseils, utilisant, notamment, l’analyse de données.
L’une de ses spécialités est «l’accompagnement des politiques», lors de référendums, ou de campagnes électorales par exemple.
C’est ainsi que l’agence a exercé ses méthodes de «profilage politique» pour l’équipe Trump, en vue de la campagne présidentielle dont il est sorti vainqueur.
Via Facebook, ils ont envoyé un quiz psychologique à 270 000 personnes dont ils ont récupéré les données, ainsi que celles de leurs proches, et de fil en aiguille, ils auraient exploité illégalement les data perso de 87 millions d’utilisateurs.
Ainsi ils ont pu personnaliser leur approche des potentiels électeurs, et leur proposer des contenus ad hoc ! C'est un lanceur d’alerte qui a vendu la mèche, Chris Wylie.
Avant, pour écrire leur programme (et leurs promesses), les partis politiques se servaient d’espions, qui récoltaient velléités et désirs des militants, lors de meetings, notamment.
Mais, ça, c’était la méthode à Papa, révolue, grâce aux techniques actuelles qui projettent les sondages d’opinion à échelle démesurée.
Sous ses airs d’uluberlu, Trump est peut-être l’un des premiers à avoir bénéficié de cette nouvelle approche.
A l’instar des GAFAM ou de Twitter, le créneau économique de l’entreprise est : la publicité ciblée, invisible à l’oeil nu et indolore au portemonnaie.
Pour répondre aux problématiques de ses annonceurs, elle engrange (assez discrètement) le plus de données perso de ses utilisateurs, et non utilisateurs (sans posséder de compte, un simple clic sur un Like permet d’enregistrer et de classer l’adresse Ip de votre ordi). Car pour correctement cibler, il est utile de savoir qui aime et fait quoi, comment, où, avec qui
Imaginez : les données savent que vous aimez les pizzas, mais aussi, que vous regardez du côté des régimes. Avant, vous restiez sourd aux pubs vantant le rayon bio de Yabonbio, désormais vous salivez face à la vue d’une image de pizza allégée, croustillante à souhait…
Si vous vous intéressez au marché bio, vous vomirez à la vue d’une pizza allégée, mais vous réagirez positivement à l’exposition d’un nouveau rayon bio du Supermarché XXL
Poursuivons : Vous êtes américain et bientôt vous élirez votre futur président. «On» sait que vous êtes plutôt républicain, mais que vous hésitez car vous pensez que Trump est un peu dinguo. On vous envoie des textes recentrant vos priorités, le danger des travailleurs étrangers par exemple, on vous rappelle la promesse du mur entre le Mexique et votre pays.
Si a contrario, vous êtes démocrate, mais que vous n’appréciez pas Clinton, regrettant Sanders, vous recevez des articles sur les rumeurs portant sur l’argent Qatari et le financement de la campagne d’Hillari…
Une des solutions pour enrailler ce système, serait de créer un Facebook payant, mais
Zuckerberg n’y est pas favorable… il y a gros à parier que sur les deux milliards de membres, seule une minuscule minorité serait prête à payer l’équivalent de ce que rapporte le business de la pub. En 2018 l’homme affiche une fortune de 71 milliards de dollars.
On pourrait se dire : j’y peux rien... mais c’est faux, après les révélations de Snowden en 2014, de plus en plus d’individus ont pris conscience de l’importance de la question, alertés, les politiciens s’y sont, alors, plus sérieusement intéressés. Et puis il y a ceux qui ont abandonné leur compte…
Katia
Sources :
- L’Opinion publique, coordonné par Nicole d’Almeida, Cnrs Editions, 2009
- Propaganda, comment manipuler l’opinion en démocratie. Edward Bernays, 1928. Édité par la Découverte, 2007.
- L’Opinion publique, A. Sauvy, Puf, Que sais-je ?
- https://www.marianne.net/monde/scandale-facebook-cambridge-analytica-soyons-clairs-le-contrat-democratique-est-mort
- http://www.leparisien.fr/high-tech/scandale-facebook-pas-besoin-de-fake-news-pour-manipuler-l-opinion-publique-19-03-2018-7617477.php
- Plusieurs extraits du réquisitoire des Sénateurs sont disponibles sur Youtube
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