Diviser pour mieux régner ?
Brève histoire des femmes au travail.
Diviser pour mieux régner ?

Brève histoire des femmes au travail.

A écouter certains commentateurs on pourrait croire que l’entrée des femmes dans le monde du travail daterait du 20e siècle : faux, archi faux ! En « France », les femmes ont toujours travaillé, en sus d’assumer les tâches domestiques, et d’élever les enfants.

A écouter certains commentateurs on pourrait croire que l’entrée des femmes dans le monde du travail daterait du 20e siècle :  faux, archi faux ! En « France », les femmes ont toujours travaillé, en sus d’assumer les tâches domestiques, et d’élever les enfants. 

Aux côtés des hommes elles ont souvent pratiqué les mêmes métiers. De plus, ce sont elles qui ont accompagné l’industrie tout au long de son développement. 
Souvent accusées de faire ombrage aux hommes, ces derniers se plaignirent régulièrement de leur rivalité. Comme si la complémentarité entre eux, qui pourtant forment des couples, n’existait pas.
 

         

« sans doute, on ne peut pas avec des lois attribuer aux femmes telle ou telle branche des travaux industriels pour en priver le sexe masculin. Mais, par des instructions sagement combinées, on peut répandre chez le sexe faible des connaissances et des talents qui créeront la concurrence la plus avantageuse entre le travail de l‘homme et celui de la femme »

Les femmes ont donc toujours travaillé. En revanche, la femme n’a pas toujours été considérée de la même manière par les lois, et l’opinion publique. De cela dépendent ses conditions de travail. 


Petit retour, et démonstration historique :
A l’époque gauloise, les femmes occupaient toutes sortes de métiers, même ceux  exigeant une grande force physique. C’est ainsi qu’on rencontrait des bucheronnes ou des orpailleuses.


Sous les Romains, le sentiment commun c’était que la femme, naturellement, occupait une place inférieure aux hommes.
Comme les esclaves, l’assemblée des citoyens, la magistrature et les tribunaux lui étaient entièrement fermés.
Toutefois, et encore comme les esclaves, les femmes travaillaient.  


Puis, la chrétienté détrôna Rome, et réorganisa les coutumes. Dans ce monde, l’homme est une créature de Dieu, tandis que la femme, tirée de l’homme, demeure une créature de l’homme. 


Mais, force est de constater qu’aux 11e/14e siècles, les femmes se trouvaient plus libres qu’au 19e. 

 

La condition féminine régresse, à nouveau, à la Renaissance. Est-ce dû au règne de Catherine de Médicis qui attisa l’antiféminisme ? Toujours est-il que leur salaire baissa, et que l’écart avec celui des hommes se creusa. Certains métiers leur furent interdits. Les portes du monde du travail se refermèrent peu à peu aux femmes. 


Au 16e, à Strasbourg, par exemple, un couturier eut l’idée de former deux de ses filles adoptives à son métier. S’ensuivit une grève de deux ans des compagnons associés en colère. L’affaire se conclut par la victoire des seconds, les filles cessèrent leur activité.
Pourtant les femmes continuèrent à travailler. Les hommes se lamentaient de leur concurrence, et les disputes familiales s’avérèrent parfois terribles. 


Du 16e au 18e, elles intégrèrent plus fermement les nouvelles industries. Car contrairement à l’idée répandue, l’ouvrière n’apparaît pas au 19e, mais au 12e siècle en parallèle au développement industriel naissant. La plupart travaillaient dans des ateliers, à la maison, sous l’autorité du père ou du mari. 


Au 19e, elles escortèrent encore l’essor industriel,  intégrant  l’usine alimentaire, chimique, la quincaillerie,  la fabrication d’allumettes, de tabac, caoutchouc, papier. Certaines professions leur étaient toujours interdites. Mais comme  la France connut un affaissement démographique et un manque de main- d’œuvre, les portes  se rouvrirent franchement aux femmes. D ’autant que les patrons les adoraient !  En effet, elles étaient payées deux fois moins que les hommes, et en période de baisse des commandes elles étaient prioritairement « remerciées ». Puisque leur gage ne représentait qu’un « appoint », cette logique convainquait chacun ! S’ajoute la cerise sur le gâteau : leur soumission était telle qu’elles acceptaient de trimer sous les règlements disciplinaires des usines modernes : surveillance constante du travail, des horaires, chasse au bavardage… De plus, elles consentaient à actionner les nouvelles machines, vilipendées. 

 

Par elles les patrons remplacèrent les ouvriers qualifiés, trop revêches et « revendicatifs ». 
Aussi, avec l’avènement des machines à coudre, un nouveau travail à la maison se développa. Heureuses de pouvoir travailler tout en s’occupant du foyer, beaucoup de citadines sautèrent sur l’occas’. Ainsi elles purent besogner 16/18 heures, et échapper aux limites imposées par la loi. (1900,  journée des 10 heures).


C’est par ces mouvements, autre exemple, que les femmes investirent le métier du secrétariat jusqu’alors réservé à la gent masculine. C’est à elles que furent confiées les  nouvelles machines à écrire. 


Au début du 20e les syndicats n’intègrent pas les femmes dans leurs luttes. Ils  les considèrent encore comme des « jaunes », tout en arguant qu’il n’était pas « naturel qu’une femme travaille avec les mêmes droits que les hommes »


A la campagne, c’est encore une autre histoire, la femme travaille du matin jusqu’au soir : cuisine, jardin, lavoir, champs, étable, poulaillers, porcherie, marché…. Mais ensuite, tout au long du 20e, les conditions féminines se bouleverseront.  Les femmes des villes, et celles des champs  finiront même par se  confondre….


Pour ce qui est de savoir si le travail représente l’un des piliers de l’émancipation féminine, ainsi que l’affirmèrent certaines féministes des années 1970, relayant les paroles des Françaises de 1848, … rendez-vous dans le prochain article
 

 

Katia

 


Sources :
Les femmes et le travail, du Moyen-Age à nos jours. Ouvrage collectif, Editions de la Courtille, 1975.
Misérable et glorieuse. La femme du XIXe siècle. Ouvrage collectif, Editions Complexe, 1980.
La femme au temps des cathédrales. Régine Pernoud, Editions Stock.
La cause des femmes. Gisèle Halimi, Grasset, 1973.

 


 

 


 

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