Pas facile de se faire entendre quand on est une femme
La médecine des hommes sous-estimerait-elle les maux des femmes ?
Pas facile de se faire entendre quand on est une femme

La médecine des hommes sous-estimerait-elle les maux des femmes ?

A la suite de sa propre mésaventure, une journaliste du New York Times a voulu alerter sur cette tendance du corps médical, masculin dans l’âme, à négliger la souffrance féminine. Même au XXIème siècle, les vieux clichés sexistes (hystérie, névrotisme, hormones etc.) semblent avoir encore de beaux restes…

Faut-il le rappeler, la médecine a été pendant des siècles un domaine réservé aux hommes. Explorée, théorisée, exercée et enseignée par des hommes, la médecine continue d’être profondément empreinte de la vision masculine, maternée (ou plutôt paternée, en l’occurrence) d’une forme de condescendance pour la condition féminine.

 

Si le sexisme se pratique sans retenue en milieu hospitalier (voir l’article à ce sujet), il semble qu’il sévisse également dans les cabinets libéraux, même si c’est sous une forme différente, le harcèlement laissant ici souvent la place à une forme de nonchalance, quand ce n’est pas carrément de la négligence.

"Les professionnels de santé peuvent, inconsciemment, avoir intériorisé des données biaisées qui impactent la manière dont les femmes sont entendues, comprises et traitées." Docteur Tia Powel, professeur d’épidémiologie et bioéthicienne

Façon élégante de dire que les connaissances, et probablement l’esprit transmis aux étudiants en médecine sont le fruit de siècles d’une domination masculine sans partage, jalonnés de travaux conduits par des hommes pour l’essentiel, et dont les conclusions, bien que souvent désuètes et inadaptées aux réalités biologiques des femmes, sont pourtant toujours en vigueur.

 

La mésaventure de notre journaliste newyorkaise en est une désolante illustration : venue consulter pour un état d’anxiété et de fatigue prolongé et suffisamment appuyé pour l’empêcher de mener à bien ses activités quotidiennes, son médecin (une femme…) élude et lui recommande de dormir davantage, de faire de l’exercice, du yoga et pourquoi pas, de la méditation !

 

Ce n’est que plusieurs mois après cet épisode incongru que la journaliste trouve le courage de consulter un autre praticien. Assez rapidement remise sur pied grâce à une psychothérapie judicieuse (vous voyez, on vous l’avait bien dit que c’était dans la tête !) elle se demande alors quelle peut bien être l’ampleur de ce phénomène de déni…

Des études américaines montrent que les femmes se voient prescrire moins d’anti-douleurs et plus tard que les hommes, alors même qu’elles se plaignent de douleurs plus fréquentes et intenses qu’eux.

Donc, Mesdames, si vous constatez que votre médecin ne vous prend pas au sérieux, ne baissez pas les bras, demandez-lui sur quoi il base son attitude. Et quand l’écoute est vraiment absente, alors changez de praticien ! C’est l’un des avantages en Alsace d’avoir encore ce choix, là où d’autres régions sont devenues des "déserts médicaux". Car après tout, un bon médecin ne se doit-il pas d’abord d’être à l’écoute de sa patiente ?

 

Jean-Pierre

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